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Le président estonien répond aux questions de l'envoyé spécial du Figaro le 8 décembre 2000
08.12.2000

Lennart Meri : ''Une étape vers l'unification''


La conférence européenne, vingt-neuf chefs d'Etat et de gouvernement réunis pendant une demi-journée, peut-elle avoir une valeur autre que symbolique?

Elle est évidemment utile. Toute rencontre de ce type marque une étape supplémentaire vers l'unification de l'Europe. De manière générale, je crois que l'Union européenne ne sera en vie qu'aussi longtemps qu'elle continuera à s'étendre, à ouvrir des régions toujours nouvelles aux principes de la démocratie et du marché libre. Le jour où quelqu'un pourra dire que l'Union est achevée marquera sa fin.

Il y a quand même des limites, ne serait-ce que géographiques, puisque l'Union est ''européenne''.

C'est une question pour nos petits-enfants. Une chose est sûre: elle s'étendra vers l'est. Quant à la question des frontières, je vous renvoie à la situation d'il y a environ vingt-quatre siècles: les confins de l'Europe se situaient alors quelque part à l'ouest du Don.

Quel est le principal souci de l'Estonie dans la perspective d'une adhésion?

Nous sommes un peuple étrange. Notre principal souci est une question à laquelle aucun Français, aucun Anglais, aucun Allemand ne penserait: est-ce que nous serons en mesure de préserver notre langue? Les casse-tête institutionnels n'ont donc aucune importance pour l'opinion publique chez vous... Les Estoniens sont aussi un peuple très porté sur les choses pratiques. Nous nous intéressons à la beauté de la nature, à nos racines culturelles, à la brièveté de notre été. Les gens préfèrent s'occuper de cela que de parler du nombre de commissaires.

Mais les décisions qui seront prises à Nice, en l'absence des pays candidats, détermineront les conditions de leur présence après l'accession.

Je crois en un compromis entre les Quinze. Et j'espère que, le moment venu, mon pays aura un représentant à la Commission de Bruxelles. J'ai d'ailleurs deux de mes bons amis qui voudraient déjà être nommés.

Repartirez-vous de Nice avec une quelconque assurance quant à une date d'adhésion?

Les décisions de principe ont été prises par les Quinze à Helsinki il y a un an, et nous nous y tenons. Nous serons prêts au début de 2003, et j'espère que l'Europe le sera de son côté. C'est là la garantie du maintien de la confiance dans la volonté politique de réunion l'Europe.

Votre pays est le plus avancé des trois Etats baltes dans le processus de négociation. Allez-vous devoir attendre vos voisins pour adhérer?

Il y a deux ou trois ans, la perception générale des Baltes était qu'il s'agissait d'un Etat avec trois drapeaux où l'on parle une seule langue. La réalité est tout autre. Il y a bel et bien trois pays. Je ne vous donnerai qu'un seul exemple: la langue estonienne est plus proche du japonais que du letton. Le principe des négociations d'adhésion est simple, nous parlons d'un ''modèle de régate'': celui qui est prêt est prêt. Ce n'est pas le bateau le plus lent qui dictera la vitesse du convoi.


Propos recueillis, à Nice, par Pierre Bocev

 

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